Développement durable en Afrique & Satellites - page 120

Sir Winston Churchill, grand homme
politique et chef de guerre a déclaré un jour
que « les empires du futur seront les em-
pires de l’esprit ». Il voulait dire que le des-
tin des nations allait dépendre pour l’es-
sentiel du savoir et des idées. En fait, les
évolutions de la société internationale dans
toutes ses composantes, technologiques,
économiques et celle de la structure même
de la politique mondiale sont allées bien
au-delà de ce que Sir Winston aurait pu
imaginer à son époque.
Pour s’en ternir simplement aux deux
dernières décennies, la science et la tech-
nologie ont occupé le devant de la scène
globale, entraînant une croissance phéno-
ménale du commerce international ainsi
que des progrès dans les technologies de
l’information et des télécommunications.
La progression exponentielle des connais-
sances a conduit à une augmentation
mondiale de la production, générant à la
fois toujours plus d’opportunités mais
aussi de défis.
La puissance de la globalisation et de la
technologie a créé un marché global intégré,
dans lequel le capital, la finance et l’infor-
mation circulent à la vitesse de la lumière.
Pour la première fois, notre civilisation est
sur le point d’atteindre ce que le politologue
français Maurice Duverger a appelé la “so-
ciété de l’abondance”. Le paradoxe réside
cependant dans la pauvreté qui continue
d’affecter plus d’un milliard d’habitants de
la planète, dont la plupart vivent sur le conti-
nent africain. Il est également évident que
notre civilisation industrielle basée sur les
hydrocarbures ne peut plus maintenir la
biosphère telle que nous la connaissons de-
puis des millénaires.
En Guinée, pays de l’Afrique de l’Ouest,
les anciens ont coutume de dire “La
connaissance sans la sagesse, c’est comme
de l’eau dans du sable”. Dans notre monde
divisé, les gouvernements doivent faire ap-
pel à toute leur sagesse pour aborder les
grands problèmes posés par le change-
ment climatique et les conditions d’un dé-
veloppement durable à long terme pour les
générations actuelles et futures.
Le développement durable, qui offre à la
génération actuelle “la possibilité de res-
pecter ses obligations sans compromettre
la capacité des générations futures à satis-
faire leurs propres besoins” implique l’ac-
quisition et l’application des connaissances
pour une gestion efficace des ressources
écologiques et humaines. Cela pour amé-
liorer sur le long terme le bien-être social
et économique des populations.
La technologie (y compris spatiale) – et
les connaissances et informations scienti-
fiques associées – est à l’évidence l’une
des clés de l’accélération de la croissance
économique, des changements sociaux,
de l’amélioration des systèmes de gouver-
nance, de la réduction de la pauvreté et
partant, de l’amélioration des conditions
de vie.
Si l’on en juge par l’ampleur de ses
richesses naturelles, l’Afrique est incon-
testablement le continent le plus riche de
la planète. Or, c’est paradoxalement le
continent le plus pauvre, avec ses guerres,
ses conflits et les pénuries pesant lourde-
ment sur des populations vulnérables. Les
derniers cinquante ans de développement
mondial nous montrent clairement que la
possession de richesses naturelles ne
conduit pas nécessairement à une amélio-
ration significative des conditions de vie.
Bien sûr, certains progrès sont à porter au
crédit d’un bon nombre de pays. Dans le
mien par exemple, le Ghana, le retour de la
démocratie et la consolidation d’une bonne
gouvernance nourrissent la croissance et
ouvrent de nouvelles perspectives au plus
grand nombre. La jeunesse ghanéenne re-
prend confiance et se projette davantage
vers l’avenir de son pays. La majeure partie
de l’Afrique aurait besoin d’un environne-
ment institutionnel fort, combiné à un cadre
économique stable qui laisserait s’expri-
mer les connaissances, l’ingéniosité et les
compétences humaines. Il est également
vital de diversifier l’économie et d’opérer
des changements structurels pour tirer
plus de valeur ajoutée des matières pre-
mières sur les marchés nationaux et mon-
diaux, ce qui génèrerait emplois et création
de richesses
Il est certain que, sur le plan technolo-
gique, le manque d’enseignements et de
mise en œuvre de politiques associées vi-
sant à valoriser les compétences et les res-
sources locales dans ce domaine constitue,
pour la plupart des pays, un sérieux handi-
cap. Dans le même temps, la désertifica-
tion, la déforestation et des politiques envi-
ronnementales inefficaces conduisent à la
dégradation de l’écosystème et accentuent
Les empires de l’esprit
Train de marchandises, École d’art au village de Bangui (République centrafricaine). En 2006
l’Union africaine a plaidé pour "le développement de l’industrie ferroviaire et la mise en place
d’un réseau africain de chemin de fer à voie large interconnecté". L’Union Africaine du Rail
(UAR) a présenté à cet effet un plan guide.
© Sébastien Cailleux/EDAAV
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