Développement durable en Afrique & Satellites - page 113

T
ous les systèmes de développement
actuels ont démontré leurs limites. On
évoque un taux de développement à
deux chiffres pour le continent africain ce
qui devrait se traduire par une élévation du
niveau de vie des populations. Or la pauvreté
ne cesse de s’aggraver. Et, vingt ans après le
Sommet de Rio, nous en sommes encore à
réfléchir aux politiques à mettre en place
pour aller vers le développement durable.
L’environnement est considéré comme
un des trois piliers du développement du-
rable avec l’économie et le social. Au niveau
du Programme des Nations Unies pour
l’Environnement, nous estimons qu’il en est
plutôt le socle. D’où la notion d’“économie
verte” définie comme une économie qui en-
traîne une amélioration du bien-être
humain et de l’équité sociale tout en rédui-
sant demanière significative les risques envi-
ronnementaux et la pénurie de ressources.
Sa mise en place oblige à revoir les
méthodes d’évaluation des performances
économiques qui n’intègrent pas, actuelle-
ment, le capital naturel, pourtant à la base
des économies de nombreux pays, en parti-
culier en Afrique. Le calcul du PIB, par
exemple, ne tient pas compte du fait que les
activités de production et de consommation
amputent ce capital naturel. Les investis-
sements publics et privés ne doivent donc
pas avoir uniquement pour objectifs la
croissance des revenus et de l’emploi mais
aussi la réduction des empreintes carbone
et de la pollution, l’utilisation rationnelle
des ressources et l’efficacité énergétique.
Le capital forêt
Le potentiel est très important dans le do-
maine de l’agriculture, de la gestion des fo-
rêts, du bâtiment, des transports, des énergies
renouvelables et ceci dans des secteurs
comme l’industrie pharmaceutique ou les
nouvelles saveurs dans l’industrie agroali-
mentaire dont le développement repose sur la
biodiversité. La ressource se trouve en Afrique
maisaussi enAmériqueduSud, qui sepositionne
comme une superpuissance de la biodiversité.
Il faut une équité dans l’exploitation des es-
pèces. Les industriels doivent s’engager à ver-
ser des royalties sur les dérivés des produits.
Le développement d’une économie verte
implique également l’accès aux technologies
de pointe, comme celle du spatial. C’est parti-
culièrement le cas pour la gestion d’une res-
source verte au potentiel considérable, la fo-
rêt. Les forêts du bassin du Congo constituent
le deuxième poumon écologique de la planète
et leur intérêt stratégiquemondial est évident.
Quand les masses nuageuses qui se forment
au-dessus de ces forêts traversent l’Atlan-
tique, elles apportent la pluie aux fermiers
américains. C’est donc capital pour la sécuri-
té alimentaire de l’Amérique du Nord : pas de
pluie, pas de production. Les Américains l’ont
bien compris. D’où le lancement en 2002 par
l’Afrique du Sud et les Etats-Unis, rejoints par
la France et l’Allemagne, du Partenariat pour
les Forêts du Bassin du Congo (PFBC).
Produire les technologies
La coopération internationale et le transfert
de technologies peuvent aider au développe-
ment de l’économie verte. Néanmoins, un des
défis est que l’Afrique ne soit plus seulement
le continent qui continue à acheter des tech-
nologies mais plutôt celui qui les produit. Cela
passe par des investissements dans le renfor-
cement des capacités, de la formation, de la
recherche, de la gouvernance. L’économie
verte deviendra ainsi le nouveau moteur qui
pourra nous amener vers le développement
durable, en luttant contre la pauvreté persis-
tante tout en préservant la biodiversité.
c
Constant-Serge Bounda
(République du Congo)
Représentant du Fonds des Nations Unies
pour la Population auprès de
l’Union africaine et de la Commission
économique pour l’Afrique
Addis-Abeba
Éthiopie
Vers l’économie verte
L’Afrique dispose du potentiel nécessaire pour devenir un acteur important en matière de bioénergie. L’exploiter requiert d’importants investissements, sur
le long terme et des données fiables. Pour fournir une meilleure information sur les ressources énergétiques africaines locales, GEO met au point l’Atlas
Bioénergie pour l’Afrique (BAfA), une base pour prendre des décisions éclairées, à l’échelle locale, régionale et continentale. Pour les jeunes artistes de l’École
d’art au village de N’Djamena (capitale du Tchad), respecter l’environnement en fait partie.
© Sébastien Cailleux/EDAAV
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