Développement durable en Afrique & Satellites - page 104

Le feu régénère les sols
Navashni Govender. Responsable du programme Écologie
des feux et biochimie, Parcs nationaux d’Afrique du Sud (SANParks),
Parc national Kruger, Skukuza.
L
’Afrique du Sud et les feux, c’est une longue histoire : le Parc national
Kruger a débuté ses recherches en 1954 et dès 1957 on y a prescrit la
pratique régulière des feux contrôlés. C’est aujourd'hui un outil de
conservation de l’environnement. Pour l’utiliser plus efficacement comme
moyen de gestion nous devons connaître ses effets sur les arbres, l’herbe,
les fourmis etc., son comportement, la réaction des paysages... Connaître le
niveau de chaleur atteint est important car cela a des effets sur l’écologie. Nous
travaillons aussi sur l’après-feu pour savoir par exemple si une intensité de
feu très élevée peut aider à contrôler la prolifération de la brousse.
Notre but ultime est de préserver la biodiversité. Et la technologie y aide.
Dans le passé nous disposions de cartes dressées à la main et nous utilisions
des photographies de terrain ou aériennes. Maintenant nous associons pho-
tographie et surveillance par satellite pour enregistrer le comportement du feu
et ses effets. Nous prenons des mesures avant d’initier les feux, puis nous uti-
lisons un avion équipé d’un LIDAR, après quoi nous brûlons et nous établis-
sons les relevés post-incendie. Notre scientifique spécialiste de la télédé-
tection utilise l’indice NDVI (Indice de Végétation par Différence Normalisée)
pour étudier l’importance du feu. Ces outils sont simples à utiliser : je me
connecte sur le site de Philip Frost et je recevois cartes et données.
Nous sommes souvent critiqués par les écologistes et les touristes. Mais
lorsqu’on explique les choses, ils comprennent que, comme la pluie, le feu est
utile pour régénérer les sols. Et chacun est conscient que les températures
montent et que les précipitations diminuent entraînant une augmentation du
nombre de jours à fort indice de risque d’occurrence de feux. Si nous ne lançons
pas ces opérations contrôlées nous serons davantage victimes de feux sauvages.
Notre réflexion va au-delà de nos frontières. Nous avons créé avec le Mo-
zambique une Association pour la protection contre le feu pour partager
nos ressources et nos stratégies de lutte, avec un comité de direction commun.
Nous accueillons aussi des étudiants, nationaux et étrangers venant de nom-
breux pays. Chaque année, nous recevons de 200 à 300 projets de recherche !
Les Parcs nationaux d’Afrique du Sud gèrent et entretiennent le terri-
toire au profit de la population, mais la terre appartient aux communautés
qui organisent l’accueil et en tirent des revenus. Le développement durable
profite à la population. Répéter "Oh ! comme c’est beau" ne suffit pas, les
gens veulent des résultats concrets.
c
Navashni Govender dans son bureau de Skukuza.
© J.D Dallet/Suds-Concepts
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