Moment fort de la cérémonie du Ngondo, la course de pirogues. Compétition spectaculaire, elle revêt
aussi un caractère mystique.
© Sébastien Cailleux
Le Ngondo (ci-dessus des initiés) illustre la volonté des peuples Sawa de valoriser leur patrimoine
culturel et l’environnement aquatique du littoral camerounais, qui méritent d’être protégés.
© Sébastien Cailleux
culture Sawa, les spectateurs assistent aux
finales de lutte traditionnelle et à la consé-
cration de miss Ngondo ou Ntolè. Élue la
veille, elle doit notamment aider à éduquer
les jeunes filles Sawa.
Des origines à aujourd’hui
Si le Ngondo est considéré aujourd’hui
comme la fête culturelle des Sawa, ses ori-
gines sont assez mal connues. Elles
remonteraient aux environs de 1830, soit
avant l’arrivée des premiers missionnaires
à Douala, en1843. À sa création, la cérémonie
se tenait au confluent du fleuve qui lui a
donné son nom et de la rivière Bessekè, an-
cien siège du Ngondo. Elle avait alors pour
objectif la défense des intérêts écono-
miques des peuples de la côte qui ne pou-
vaient pas faire face à leurs envahisseurs
de façon individuelle. Le Ngondo fonctionnait
aussi comme un tribunal chargé de régler
les conflits internes.
Sa célébration a connu des perturba-
tions. Inquiète de ses prérogatives, l’admi-
nistration coloniale allemande l’a suspendu
dans les années 1920. Il ne redémarrera
qu’en 1949, sous l’administration coloniale
française, assorti de quelques aménage-
ments, et, en 1954, ses représentants
défendront devant les Nations Unies l’auto-
nomie du Cameroun. Le Ngondo sera de
nouveau interdit dans les années 1970 et
jusqu’en 1982, avant d’être rétabli à l’arri-
vée du président Paul Biya.
Les contenus ont évolué et les thèmes
sont souvent tournés vers l’avenir :
"Titimbe" (Persévérance) en 2010, puis
"Musango" (Paix) en 2011 et en 2012.
Le Ngondo ne saurait vivre en marge des
réalités nationales. Le peuple Sawa souhaite
donc adapter le Ngondo aux évolutions de
notre ère tout en conciliant tradition et
modernité. Il propose ainsi des foires expo-
sitions, des animations culturelles, des
conférences débats, des manifestations
sportives (lutte traditionnelle) et même... un
carnaval. Organisé dans les rues de la capitale
économique du Cameroun, en marge des
festivités traditionnelles, le défilé est appré-
cié par les populations camerounaises mais
aussi étrangères.
c
Hervé Villard Njiélé
Cameroun
Eau - 49
