Développement durable en Afrique & Satellites - page 60

utilisation immédiate est l’orientation des
transhumants vers les zones où du fourrage
est disponible.
A mi-parcours, et en fin de saison des
pluies, des bulletins de veille environne-
mentale sur le “Suivi des zones agricoles et
pastorales du Sénégal à l’aide de la télédé-
tection et des systèmes d’information
géographique” sont publiés à l’attention des
partenaires du CSE, du Groupe de Travail
Pluridisciplinaire du suivi de la campagne
agricole, des décideurs nationaux et des
partenaires au développement. Ainsi l’action
du CSE est parfaitement intégrée au dispo-
sitif national de suivi de la campagne agri-
cole et pastorale, et elle sert d’appui aux
activités de projets de développement qui
opérent sur le terrain. Ce contexte garantit
l’intégration des informations dans le pro-
cessus décisionnel et un retour de la part
des destinataires.
Des institutions comme le CSE doivent
continuer à assurer la viabilité des projets à
long terme. Car le défi principal est de
parvenir, à la fin d’un projet, à intégrer les
acquis dans les activités régulières de suivi
environnemental des institutions. Les déci-
deurs doivent donc comprendre cette né-
cessité. C’est une bataille à gagner, mais
nous restons optimistes.
Changer de langage
N’oublions pas que nous travaillons pour
le bénéfice des populations. L’aspect hu-
main est donc très important. Aussi nous
faut-il intégrer les savoirs locaux et endo-
gènes dans cette problématique.
D’abord se poser les bonnes ques-
tions : quelle est la valeur ajoutée du pro-
duit que nous proposons par rapport à ce
que l’agriculteur sait ? Quelle est son uti-
lité sociale ? Comment ce produit est per-
çu par les populations ? Ensuite, avoir
conscience que nous ne relevons pas du
même rationnel, et donc, pour une infor-
mation plus efficace, nous devons aban-
donner notre langage de laboratoire au
profit de celui de la réalité vécue.
La bataille à gagner est celle de l’appro-
priation de nos produits par ces commu-
nautés. À titre d’exemple, on peut citer le
cas du Projet NTIC “Utilisation des NTIC
dans le suivi temporel du bétail transhu-
mant par les communautés de base pour
une gestion durable des ressources pasto-
rales au Sahel” où les pasteurs Peul ont
participé à l’élaboration des produits,
notamment de cartes et dans leur langue ;
c’est un bel exemple d’appropriation des
outils. Pour l’avènement d’un développe-
ment durable, il faudra intégrer ces enjeux
dans le vécu quotidien des populations.
c
Dr Jacques-André Ndione
Dr Abdoulaye Faye
Gora Beye
Centre de Suivi Écologique
Dakar, Sénégal
Grâce aux données satellites associées
à celles de terrain, la sécheresse peut ainsi
être identifiée 4 à 6 semaines plus tôt
qu’auparavant et caractérisée de façon
plus précise ; à cela s’ajoute la possibilité
d’estimer son impact sur l’agriculture bien
avant la récolte afin de faciliter la prise de dé-
cisions en matière de sécurité alimentaire.
L’intérêt des données satellitaires pour
l’évaluation de la sécheresse réside dans
certaines caractéristiques intrinsèques de
la télédétection : une vue synoptique sur
une vaste zone et à différentes échelles, un
archivage permanent qui permet des
études rétrospectives et comparatives avec
la situation en cours, une bonne fréquence
de réception des données et également un
coût souvent abordable.
Un des enjeux pour l’avenir est de main-
tenir la fourniture de cette information,
c’est-à-dire de poursuivre l’observation.
Indice de croissance de la végétation durant la
1
ère
décade de septembre 2012. Carte de données
J.-A. Ndione. Avec l’aimable autorisation du
programme VEGETATION, produit par VITO.
Puits traditionnel, d’environ 100 mètres de profondeur, dans le village de Kankaren Kashe, au centre-sud
du Niger. Ces sept dernières années, trois crises alimentaires majeures (avec une grave sécheresse en
2011/2012) ont sensiblement affaibli les moyens de subsistance et la capacité de résilience des petits
exploitants. Combiner des données satellite et de terrain permet détecter une sécheresse plus tôt
qu’auparavant.
© Jon Warren/World Vision
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