Développement durable en Afrique & Satellites - page 64

Cartographier les ressources
minérales
Malachite botryoïde (carbonate de cuivre),
Katanga, RDC. La malachite (du grec malach,
mauve, allusion à sa couleur semblable à
celle des feuilles de la mauve) est un minéral
secondaire commun formé dans la zone
d’oxydation des gisements de cuivre.
© Geco, courtoisie BRGM
L
’exploitation et l’utilisation durables des vastes ressources
minérales du continent africain (cuivre, cobalt, nickel, or et
diamants) constituent un enjeu essentiel, non seulement pour
le développement de l’Afrique, mais aussi pour l’avenir du monde.
En Zambie, depuis plus de 70 ans, les ressources minérales assurent
entre 60 et 90 % des revenus en devises étrangères. Avec environ
2 milliards de tonnes de réserves de minerai de cuivre, les grands
sites d’extraction du Copperbelt Zambien et les mines de la province
nord-occidentale emploient officiellement plus de 35 000 personnes.
Ce secteur génère entre 9 et 15 % du produit intérieur brut du pays.
Du fait de la baisse des réserves de minerai ainsi que de leur teneur,
de la profondeur de plus en plus importante des mines, de l’absence
de nouvelles découvertes et dumanque d’investissements, la produc-
tion de cuivre et ses revenus chutent : après un pic de 755 193 tonnes
en 1969, elle est tombée en 2000 à environ 250 000 tonnes. Cela alors
que, depuis 1991, le gouvernement a mis en route un processus de
libéralisation de l’économie destiné à assainir la balance des paie-
ments, le but ultime étant de réduire les incidences de la pauvreté et
d’améliorer le niveau de vie de tous les Zambiens.
Du fait de la forte demande mondiale de cuivre, qui tire les prix
vers le haut et pousse à augmenter une production déjà estimée à
plus d’une mégatonne en 2012, les réserves s’appauvrissent. La
Zambie devrait, à ce stade, attirer des investissements pour la
recherche de sites cuprifères, leur exploitation durable et plus
encore pour créer des activités aval à forte valeur ajoutée. Le pays
doit donc améliorer ses infrastructures et ses services pour soute-
nir les investissements, disposer de données géologiques fiables et
actualisées. À ce jour, 45 % du territoire non cartographié sur le
plan géologique est situé hors d’une zone disposant d’infrastruc-
tures et de services du type de ceux qui existent par exemple le long
d’une voie ferrée. Or c’est dans les zones inaccessibles que nous
avons les meilleures chances de découvrir de nouveaux gisements.
D’où la nécessité d’utiliser des données satellitaires.
C’est pourquoi le Département de Géologie de l’Ecole des Mines
de l’Université de Zambie participe au Système d’Observation
Afrique-Europe des Géoressources (AEGOS) financé par l’Union
européenne, un projet associant 23 partenaires africains et euro-
péens. Il fournira des informations actualisées à tous les décideurs
pour qu’ils réalisent les meilleurs investissements possibles en ma-
tière d’exploitations minières. Pour l’instant, dix partenaires afri-
cains y participent car il s’agit du premier projet de ce genre mais
leur nombre va augmenter dès que d’autres pays africains verront
les avantages qu’il apporte. A ce sujet, les Universités de Zambie et
de Lubumbashi mettent en place le projet “Ressources minérales,
gestion de l’environnement et potentiel géotouristique de la RDC-
Copperbelt de Zambie”. L’objectif est de cartographier les impacts
de l’exploitation du cuivre dans les zones transfrontalières des deux
pays et de recommander la création de sites géotouristiques en lieu
et place d’anciennes mines abandonnées.
Le Centre de Gestion Intégré des ressources hydriques de
Zambie participe à l’initiative TIGER de l’ESA, en travaillant à partir
des images satellitaires comme celles du radar imageur à syn-
thèse d’ouverture (ASAR) d’ENVISAT pour cartographier les
ressources en eau, notamment celles du Parc national de Kafue.
Certaines limites existent, par exemple le couvert végétal et le
manque de ressources humaines qua-
lifiées mais la couverture, la répétabi-
lité et le coût des images ne sont pas
forcément un frein pour la cartogra-
phie géologique : dans ce domaine
les changements mettent des mil-
lions d’années à se produire et on
peut utiliser des images d’archives,
peu coûteuses.
La Zambie pourrait jouer un rôle
sur un marché mondial des pro-
duits à base de cuivre, estimé à 38
milliards de dollars, en passant de
la production de cathodes à celle
de produits à valeur ajoutée
comme ceux utilisés enplomberie,
en hydraulique et aussi dans le
domaine de l’usure par friction
en ingénierie.
En outre, le sulfate de cuivre
est utilisé dans l’industrie et l’agriculture, et
le cuivre, sous sa forme la plus pure, dans l’électronique et la
bijouterie. De telles activités industrielles de fabrication en aval doi-
vent être créées. Et lorsque l’exploitation minière aura cessé, la
Zambie pourrait importer des cathodes de pays voisins comme la
République démocratique du Congo et l’Angola.
Ceci continuerait à générer de l’emploi et à assurer la prospérité
pour soutenir le développement urbain, jusqu’ici assuré par l’exploi-
tation du cuivre. La fabrication de marteaux piqueurs en est un bon
exemple : produits au Royaume-Uni lors de l’essor de l’exploitation
minière, ils sont toujours fabriqués et utilisés en Zambie.
c
Professeur Imasiku Nyambe
Directeur
Direction de la Recherche et des Études Supérieures
Université de Zambie
Lusaka
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