Les réseaux téléphoniques par satellite
permettent de communiquer depuis des endroits
les plus reculés. Ici, Femke Broekhuis,
une biologiste qui a mené des recherches
sur les guépards au Botswana, utilise
un téléphone satellite IRIDIUM 9555.
© Femke Broekhuis/Suds-Concepts
Guépards, lions, hyènes sous surveillance
Le Dr Femke BROEKHUIS, biologiste,
a mené des recherches sur les gué-
pards dans le delta de l’Okavango
(Botswana), en collaboration avec des
collègues de ce pays, l’Unité de recherche
sur la faune sauvage (WildCRU) de
l’Université d’Oxford et la Fondation du
BPCT (Botswana Predator Conservation
Trust). Elle dirige aujourd'hui le Mara
Cheetah Project au Kenya.
Comment êtes-vous arrivée au Botswana ?
Je vis dans ce pays depuis l’âge de six
ans. En 2007 je suis allée au Royaume Uni
pour préparer un master de biologie spécia-
lisé dans la faune sauvage. Après mon di-
plôme j’ai rejoint le BPCT pour diriger un
projet de recherche sur le guépard. Le site
étudié appartient à l’écosystème du delta de
l’Okavango, un delta permanent unique de
par sa position à l’intérieur des terres. C'est
le plus vaste site mondial placé sous la pro-
tection de la Convention de Ramsar sur les
zones humides d’importance internationale.
L’essentiel de l’étude porte sur une superfi-
cie d’environ 3000km
2,
située sur la frange
méridionale de la Réserve Naturelle de
Moremi où l’impact humain reste minime.
Quel est l’objet de votre recherche ?
Autrefois, le guépard était présent du
sud au nord de l’Afrique et jusqu’à l’Inde où
il était utilisé pour la chasse. Actuellement
sa population chute rapidement, notam-
ment du fait de la dégradation de son habi-
tat et des conflits entre humains et animaux
sauvages. On l’évalue à environ 10000 indi-
vidus, dont 2000 au Botswana. Les espaces
adaptés aux guépards étant en régression
du fait des activités humaines, ils doivent se
réfugier dans des zones plus petites qu’il
leur faut partager avec d’autres prédateurs,
tels que le lion et la hyène tachetée. Ces
animaux ont un impact négatif sur le gué-
pard car ils tuent jusqu’à 73% des petits et
volent souvent leur nourriture. Cette situa-
tion pourrait entraîner localement l’extinc-
tion d’espèces moins dominantes, comme
le guépard. Le but de ma recherche est
donc d’étudier de quelle façon la présence
des lions et des hyènes influent sur leur ré-
partition et leur comportement.
Quels outils utilisez-vous ?
Outre l’équipement de terrain basique
comme nos véhicules spécialisés, nous dé-
pendons énormément de la technologie
GPS et des satellites, pour nos déplace-
ments et pour la collecte des données. Des
carnivores comme les guépards et les lions
restent difficiles à cerner, les peuplements
sont de faible densité, et ils se déplacent
sur de vastes étendues, ce qui rend très dif-
ficile la collecte de leurs données compor-
tementales. Pour contourner ce problème,
nous avons équipé plusieurs individus de
colliers GPS qui enregistrent des informa-
tions sur leurs parcours et leurs habitats.
Actuellement, il nous faut encore retrouver
physiquement ces animaux pour téléchar-
ger les données enregistrées. Cela coûte
cher, en carburant et en temps passé. Des
colliers satellitaires auraient été plus effi-
caces comme l’a démontré mon collègue
au Zimbabwe en utilisant de colliers
Argos pour étudier les modes de dispersion
des jeunes lions mâles. D’autres technolo-
gies satellitaires extrêmement utiles aux
chercheurs qui étudient la faune sauvage
sont les liaisons internet par satellite pour
recevoir les données et un téléphone por-
table Iridium pour les cas d’urgence.
70 - Développement Durable en Afrique & Satellites