Développement durable en Afrique & Satellites - page 81

passent leur temps. L’Institut Percy FitzPatrick
espère pouvoir utiliser ces données pour
comprendre pourquoi certains groupes
sont capables de se reproduire avec succès
presque chaque année, alors que d’autres
élèvent rarement des petits.
En collaboration avec la Société royale
pour la protection des oiseaux et l’Univer-
sité Dalhousie, nous suivons également les
déplacements de plusieurs espèces d’oi-
seaux de mer qui se reproduisent sur l’ar-
chipel de Tristan da Cunha et dont la
conservation est problématique. Célèbres
pour abriter les populations les plus iso-
lées du monde, ces îles constituent des
zones de reproduction pour des millions
d’oiseaux de mer, dont certaines espèces
endémiques d’albatros et de pétrels, me-
nacés d’accidents mortels provoqués par
des engins de pêche.
Collisions avec les lignes électriques
Le projet de suivi le plus récent mené par
l’Institut Percy FitzPatrick, concerne un oi-
seau peu connu des plaines semi-arides de
l’ouest de l’Afrique du Sud et de la Namibie,
en partie migrateur et nomade, l’outarde de
Ludwig. Les collisions avec les lignes élec-
triques constituent pour elles un danger
mortel : elles en tuent chaque année des di-
zaines de milliers. Or des dizaines de mil-
liers de kilomètres de lignes électriques
quadrillent déjà leur territoire reculé et ce
réseau est en constante expansion. Cela a
valu à l’outarde de Ludwig d’être récemment
classée comme une espèce menacée. Mais
que pouvons-nous faire pour aider cet oi-
seau dans un pays qui doit concilier les
besoins d’une population dépourvue d’élec-
tricité et la protection de l’avifaune ?
Bénéfices de la protection
Depuis 2010, des émetteurs satelli-
taires GPS financés par Eskom ont été pla-
cés avec succès sur huit outardes. Les rele-
vés précis et quotidiens de la position de
chaque oiseau ont apporté une énorme
masse de données et nous avons la preuve
de déplacements qui n’étaient jusqu’alors
que supposés ainsi que pour d’autres, tota-
lement inconnus, tels que la fidélité aux
sites d’été. Ces oiseaux sont capables de
voler en une journée plus de 200 km mais,
en général, ils restent dans une zone plus
restreinte. Les outardes demeurent ap-
proximativement la moitié du temps à
moins de 5 km d’une ligne électrique et vo-
lent essentiellement dans la faible lumière
de l’aube et de la fin de journée, ce qui rend
ces oiseaux, relativement sédentaires, vul-
nérables face aux risques de collision avec
une ligne électrique.
Des données spatiales de cette grande
qualité sont cruciales pour comprendre ce
problème de collision, atténuer les dangers
provoqués par les lignes électriques exis-
tantes et conseiller sur l’implantation des
futures.
Nous sommes convaincus que l’utilisa-
tion de cette technologie se traduira par
une meilleure protection d’un des oiseaux
emblématiques d’Afrique du Sud.
c
Jessica Shaw et Peter Ryan
Percy FitzPatrick Institute
of African Ornithology.
Université du Cap, Rondebosch
Afrique du Sud
Les scientifiques Jessica Shaw et Ross Wheeler
équipent une outarde de Ludwig d'un émetteur
Argos/GPS.
© Delia Davies
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