Antenne SEAS-OI (Surveillance de l’Environnement
Assistée par Satellite dans l’Océan Indien) en cours
d’installation (nov. 2011). Programme financé
par la Région Réunion, l’Etat, l’IRD, l’Université
de La Réunion et soutenu par l’Europe.
© J.P. Caminade, IGR, IRD-Réunion
de Cotonou, signé entre l’Union européenne
et les Etats d’Afrique, Caraïbes et Pacifique
(ACP). L’UE utilise le canal de la COI pour
bon nombre de ses initiatives régionales
comme par exemple un projet de marquage
du thon dans l’océan Indien occidental, pour
étudier son comportement migratoire. Il est
destiné à déterminer des pêcheries durables.
Mené sur une très longue période, le projet
RECOMA sur la gestion des zones côtières
est financé par l’Union européenne. Son
objectif est d’élaborer un protocole pour la
gestion et la protection de la zone côtière
d’Afrique de l’Est. Des zones de démonstra-
tion ont été mises en place et un vaste pro-
gramme éducatif ainsi qu’un programme de
formation ont été diffusés dans tous les pays.
L’autre plateforme est la convention de
Nairobi, dont la COI est membre. Là aussi,
un certain nombre de projets régionaux
financés par le Fonds pour l’environne-
ment mondial (FEM) ont été menés au
niveau régional pour étudier les sources de
pollution, les débris marins et les problèmes
transfrontaliers posés par certaines espèces
migratrices et autres organismes.
Le système d’Observation globale des
océans (GOOS), initiative de l’UNESCO, coor-
donne les activités d’observation des
océans. Des navires de recherche océano-
graphique et de surveillance viennent parfois
Envisat au centre de l’ESA ESTEC. Lancé en 2001, ce satellite d’observation de la Terre a considérablement
amélioré la portée et la précision des mesures scientifiques de l’atmosphère, des océans, des sols et des glaces.
© ESA/A.Van Der Geest
jusque dans l’océan Indien. GOOS a financé
le projet "WIO-Lab" dont l’objectif est d’étudier
les sources côtières de pollution de l’ouest
de l’océan Indien.
Un des plus grands projets menés dans
la région est celui des Grands Ecosystèmes
Marins d’Agulhas et de Somalie. Des navires
ont effectué des recherches et notamment
recueilli des échantillons du biotope marin
afin de déterminer l’état du milieu.
Quels sont les principaux défis auxquels
vous faites face ?
Le premier est la compétence : celle
des personnes, la formation adéquate. Le
second est la prise de conscience à tous les
niveaux. Elle s’est accrue, en particulier
chez les jeunes. Les écoles forment les
professeurs de sorte qu’ils puissent avoir
une approche très intégrée de la gestion en
introduisant des principes de développe-
ment durable. À l’Université, nous avons
mis en place un cursus professionnel dans
le développement durable et la gestion ainsi
que des modules spécifiques de développe-
ment durable.
Le troisième défi est celui de la gestion
et de la planification. En raison du manque
de compétences et de connaissances, vous
vous retrouvez avec une mauvaise planifi-
cation, sans véritable plan d’aménagement
du territoire ou de suivi ce qui conduit à des
actions de développement décousues ou
génère des conflits entre différentes activités,
comme entre la pêche et le tourisme. Une
planification pertinente et un investisse-
ment adéquat dans la gestion des déchets,
la lutte contre la pollution, restent donc des
défis cruciaux.
Concrètement, quels sont les risques ?
C’est bien sûr le changement climatique,
un phénomène complexe. Nous avons d’ores
et déjà observé dans la région un important
phénomène de blanchiment des coraux. Ceci a
des conséquences sur la pêche ainsi que sur
les industries de la plongée. La hausse du
niveau de la mer et les phénomènes météo-
rologiques extrêmes ont un impact sur les
plages, les côtes et endommagent coraux et
zones habitées.
Les gens qui vivent sur les côtes ont parfois
l’impression d’être en vacances et oublient
les défis auxquels ils doivent faire face. Or les
zones côtières sont et resteront les points
chauds de la planète pour les décennies à venir
ou même le prochain millénaire. Par ailleurs,
de plus en plus de gens voudront vivre sur la
côte, ce qui entraînera une pression forte et
des changements sur cet environnement.
Des investissements seront faits et des
plans de développement mis en place pour
traiter le problème du changement climatique.
L’impact de la pollution sera également
important. Comme nous l’a rappelé le tsunami
qui a ravagé 600 km de côtes en 2011 au
Japon ou en 2013 le typhon Haiyan en Indoné-
sie, les destructions provoquées par les évè-
nements extrêmes peuvent avoir un impact
significatif pour les personnes qui vivent en
zone côtière. Or je pense que l’on ne prête pas
assez attention à ces zones, pas même au ni-
veau politique, parce que les gens sont plus
préoccupés par le développement des villes
ou par les questions continentales que par ce
qui passe sur le littoral.
c
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