Altimétrie et zones côtières
L
e continent africain est
délimité par des zones
océaniques devant, selon
l’avis des experts mondiaux, être
étudiées et surveillées de manière
détaillée. C’est le cas des régions
nommées Grands Écosystèmes
Marins (GEM
-
de Guinée, d’Angola
et de la ville-province de Benguela)
affectées par les remontées d’eaux
dues à l’influence des vents et carac-
térisées par une forte productivité et
biodiversité marines.
Le climat global évolue à un rythme
sans précédent, affectant les économies
des États africains et, par conséquent,
les sources de revenus des populations.
Cela du fait de l’augmentation du nombre
des catastrophes naturelles comme les
sécheresses et inondations, les ondes côtières
de tempêtes,les élévations du niveau de la
mer ainsi que la submersion de certaines
îles. Selon le rapport de la Banque mondiale
de 2009 sur les phénomènes de surcotes et la
montée du niveau des océans, les risques de
tempêtes devraient s’intensifier dans de nom-
breux pays africains. L’agriculture côtière au
Nigeria (zone de 1 365 km
2
), pourrait ainsi dispa-
raître complètement, alors que le Ghana risquerait
de perdre environ 67 % de ses 268 km
2
de zones
humides. Outre de nombreux secteurs industriels, les
zones côtières concentrent plus de la moitié des habitants du
continent, avec tous les ans un afflux plus important de popula-
tion vers le littoral. Lagos, par exemple, va bientôt dépasser 20
millions d’habitants. Dans le golfe de Guinée, la production de
pétrole et de gaz est de plus en plus offshore, et les ondes des
tempêtes pourraient endommager les installations de type
plates-formes pétrolières et pipelines sous-marins.
La région du cap des Aiguilles (Afrique du Sud), voie de navi-
gation très importante reliant les pays bordant l’océan Indien à
ceux situés à l’ouest, est menacée par des "vagues scélérates".
Celles-ci sont la conséquence de la rencontre des vagues pous-
sées par de forts vents d’ouest avec d’intenses courants oppo-
sés. Elles peuvent atteindre deux fois la hauteur de grosses
vagues normales et détruisent également le littoral. Les orga-
nismes environnementaux et les instituts de recherche des pays
côtiers d’Afrique (comme le NIOMR, l’Institut de Recherches
Océanographiques et Marines du Nigéria) étudient la variation
du niveau de la mer depuis des décennies à l’aide de maré-
graphes, dans le cadre du réseau de données global d’observa-
tion du niveau de la mer (GLOSS).
D’autres mesures à caractère océanographique concernent
les échantillons prélevés à différentes profondeurs par des
navires suivant des transects et en mouillage. Ces mesures ont
cependant des limites spatio-temporelles. De plus, nous manquons
de continuité de données sur plusieurs décennies. Du fait de ce
manque de fiabilité et de cette couverture restreinte, nous avons
besoin des données des satellites altimétriques tels que JASON
et SARAL. Ces satellites fournissent des vues synoptiques de
l’océan et des continents avec une précision et une répétabilité
inégalées. Ces données remarquables sont indispensables pour
aider les décideurs. Non seulement à prévenir les risques dans
les zones les plus peuplées du littoral, mais aussi pour soutenir
Anomalie de hauteur de mer (SSHA) mesurée
au large du Nigeria dans le golfe de Guinée
(25-31 mars 2009) en cm, par rapport au
géoïde. Les creux (négatif) et les crêtes
(positif) indiquent des déviations par rapport
au niveau moyen de la mer.
Carte réalisée à partir de données
altimétriques de Topex/Poséidon, Jason-1
et 2 et Envisat. Produits altimétriques fournis
par SSALTO/DUACS, distribués par AVISO,
avec le soutien du CNES.
.
La métropole de Lagos (Nigéria) compte déjà 20 millions d’habitants et croît
rapidement. La population urbaine pauvre des zones côtières est confrontée aux
risques du changement climatique et de la montée des océans.
© Afritramp
88 - Développement Durable en Afrique & Satellites