Dr Rolph A. Payet, Ministre de
l’Environnement et de l’Énergie, Vice-
Chancelier, Université des Seychelles,
Victoria (Mahé), Seychelles. Professeur
associé, Université de Linnaeus (Suède).
Pourriez-vous nous parler des spécificités
des côtes africaines et du rôle joué par les
océans ?
L’Afrique est un continent immense
bordé de côtes très variées donnant sur
l’océan Indien, l’océan Atlantique et la
Méditerranée. Les différentes populations
vivant le long de ces côtes, ainsi que celles
du reste de l’Afrique, ont pour point com-
mun leur grande dépendance vis-à-vis du
poisson en tant que source directe de pro-
téines, le régime alimentaire protéiné étant
très important en Afrique. Dans de nom-
breux pays, les matériaux pour bâtir les
maisons, les médicaments et d’autres
types de produits sont issus de l’environne-
ment côtier.
Mais les défis sont très différents. Le
long de la côte de l’Afrique occidentale, ils
concernent la pêche, l’industrie pétrolière
ainsi que les industries minières. Le long
de la côte est de l’Afrique, on trouve égale-
ment une industrie de pêche, une industrie
gazière en pleine expansion et bientôt une
On estime que quelque 100 000 pêcheurs traditionnels vivent et travaillent dans les collectivités côtières de Madagascar. Cela à moins de 10 km de la côte. Ils
utilisent des pirogues à rames et des filets. Cette pêche artisanale fournit 70 % de la consommation nationale de poisson.
© David Gough/IRIN
La gestion côtière et marine
Port-Louis, Île Maurice, pays classé parmi ceux sortis
de la pauvreté en moins de 30 ans.
© Hansueli Krapf
industrie pétrolière. L’industrie minière est
plus représentée le long des côtes du sud
de l’Afrique, mais on y trouve aussi une
industrie de la pêche. De nombreux sec-
teurs industriels sont présents en Afrique
du Nord, parmi lesquels la pêche, le trans-
port maritime et, bien sûr, le tourisme. Ce
dernier joue un rôle important le long de la
côte méditerranéenne, de la côte orientale,
celle de l’Afrique australe et aussi sur la
côte ouest de l’Afrique mais il y est encore
en cours de développement.
Madagascar est la plus grande île
d’Afrique. Viennent ensuite, tout autour du
continent et en commençant par le nord,
l’île de Socotra, les Seychelles, l’île de la
Réunion, l’île Maurice, puis en remontant à
partir de la pointe de l’Afrique, la Guinée-
Bissau, l’archipel de São Tomé et Principe
et, enfin, le Cap-Vert. Bien entendu, toutes
ces îles sont considérées comme des
zones côtières.
En termes de gouvernance, il existe diffé-
rentes structures régionales. Pour l’Afrique
de l’Est, la convention de Nairobi, pour la côte
occidentale, la convention d’Abidjan, et pour
la côte du nord de l’Afrique, la convention de
Barcelone. Ces trois conventions agissent
pour la protection et la gestion de l’environ-
nement côtier et marin. Mais de nom-
breuses organisations sont évidemment
impliquées dans la gestion des côtes afri-
caines. Une autre initiative, celle des
Grands Écosystèmes Marins (GEM), s’inté-
resse aux aspects biophysiques de l’océan,
à l’écosystème, aux ressources ainsi qu’à la
pollution liés à la gestion des zones côtières
et du milieu marin immédiat.
Quelle place occupent les activités côtières
dans l’économie africaine ?
Les pêcheries occupent une place très
importante. Certaines sont des pêcheries de
subsistance qui constituent l’unique source
de revenus des pêcheurs. Des problèmes de
ressources halieutiques peuvent plonger ces
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