Développement durable en Afrique & Satellites - page 78

Forêts, notre espoir !
La protection de l’environnement passe aussi par
l’école et les enfants qui peuvent sensibiliser leurs
parents.
Dessin de Mamadou Sadou Bah/ Complexe
scolaire Saint Georges, République de Guinée
Wangari Maathai
(1940-2011), première femme
Prix Nobel de la Paix d’Afrique, plante un
arbre au Kenya. La plantation d’arbres a donné naissance
au Green Belt Movement, dédié à la protection de l’environnement,
à la protection des droits humains et à la défense de la démocratie.
Image du film "Taking roots", avec l’aimable autorisation de Marlboro
Productions, Lisa Merton and Alan Dater.
D
ans les discours sur les politiques
nationales et l’environnement global,
le rôle des forêts tropicales dans le
développement durable semble souvent évident.
Malgré cela, la déforestation ou la destruc-
tion délibérée du couvert forestier par
l’homme pour l’agriculture, en particulier
pour les petites exploitations, est très sou-
vent considérée comme une décision tout à
fait rationnelle. Dans un contexte de dévelop-
pement durable, la forêt demeure donc un
sujet complexe, parfois même une question
controversée aux niveaux local, national et
international. Les principales menaces sem-
blent évoluer des actions menées par des po-
pulations cherchant à satisfaire leurs be-
soins aux réponses rationnelles d’une
société vivant depuis des décennies à l’écart
de ses forêts. La sagesse populaire veut que
les petites exploitations agricoles soient une
grave menace pour les forêts d’Afrique
centrale et occidentale. Au cours des deux
dernières décennies, elles ont certes pu
causer la destruction de 0,1 % des forêts
du Cameroun et d’environ 0,04 % de
celles de la République démocratique du
Congo. Mais aujourd’hui, et au cours des
cinq à dix prochaines années, l’agricul-
ture de plantation et les infrastruc-
tures correspondantes risquent de
devenir les principales causes de
déforestation en Afrique occidentale
et centrale, comme cela s’est pro-
duit au Brésil et en Indonésie voilà
quelques décennies. Il n’empêche :
les véritables déterminants en la matière
sont les lois qui séparent les populations des
forêts, ce qui en diminue à leurs yeux la valeur.
Le danger de politiques archaïques
Certaines politiques de protection
maintiennent les populations locales dans
la pauvreté, les rendant si vulnérables
qu’elles accueillent les investissements de
plantation à grande échelle à bras ouverts.
Ces stratégies d’actions et d’alliances qui
ont soutenu la protection de l’environne-
ment il y a deux décennies ont en fait
préparé le terrain à la rapide déforestation
à laquelle nous assistons aujourd’hui. Les
politiques archaïques et exclusives de
conservation des forêts et leur mise en
place demeureront les pires dangers. À
moins que des professionnels ne par-
viennent très rapidement à concevoir des
mécanismes pour que les populations
considèrent que les forêts aménagées et
les terres forestières ont plus de valeur sur
pied que détruites.
Les problèmes de déforestation doivent
être appréhendés dans une perspective
historique et coloniale. Les pays qui ont
occupé l’Afrique centrale et occidentale ont
mis en place une politique d’exclusion, en
éloignant les communautés des forêts et
en usurpant leurs propriétés et droits terri-
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