Développement durable en Afrique & Satellites - page 68

Le patrimoine des peuples
autochtones
Détail d’une peinture San exposée
au Kuru Art Center à D´Kar, Botswana.
“La présence persistante d’images
bucoliques d’animaux sauvages et
de plantes, de sujets mythologiques
et du chasseur servent à atténuer et
contrebalancer un 'sentiment collectif
de perte' qui apparaît chez les peuples
San au cours du XX
e
siècle”, a écrit
Jessica Stephenson professeur assistant
d’histoire de l’art à l’Université d’état
de Kennesaw (Géorgie, USA).
En haut à gauche, Jim Morris et son
frère dans leur plantation de Hoodia.
© J.D Dallet/Suds-Concepts
Jim Morris, représentant de D’Kar, district de Ghanzi,
Botswana.
D
’kar a commencé sous la forme d’une ferme, donnée à la com-
munauté San en 1964 par l’Église Réformée de Namibie, dont
nous avons développé les activités. En 1998, le Kuru Develop-
ment Trust a été créé pour initier des projets dans les domaines de
l’agriculture, des petites entreprises, de l’éducation et de la culture. En
2001, il a rejoint la Kuru Family of Organisations (KFO) qui travaille
avec les communautés San dans l’ouest du Botswana et en Afrique du
Sud, pour assurer un avenir favorable aux minorités autochtones.
D’kar est internationalement connu pour son festival annuel
“Kuru Dance” et son centre artistique. Les artistes San réalisent
des peintures à l’huile sur toile, des linogravures, des gravures et des
lithographies. Leurs œuvres sont présentées dans des expositions
et dans des musées internationaux. Ils utilisent des motifs
traditionnels, mais produisent également un art contemporain
original. Les San peignent les animaux que nous respectons :
l’éléphant, le rhinocéros, la girafe, l’éland et l’autruche… Pour
renforcer la prise de conscience individuelle et la fierté des
nouvelles générations, nous les encourageons à peindre.
C’est aussi un moyen d’exprimer des préoccupations sociales et
politiques. Un de leurs problèmes concerne deux plantes uniques,
l’Harpago ou Griffe du Diable, et le Hoodia. Des générations ont
utilsé la Griffe du Diable pour soigner les inflammations, les dou-
leurs et la fièvre. Nos ancêtres en consommaient avant d’aller
chasser dans le Kalahari et pouvaient marcher des jours sans
manger ni boire. Elle a été introduite en Europe pour améliorer la
digestion. Aujourd’hui, on considère que cette plante a un potentiel en
tant que coupe-faim. C’est pourquoi le Conseil Sud-Africain pour la
Recherche Scientifique et Industrielle (CSIR) a fait breveter le Hoodia
en 1998 et a reconnu en 2003 les San comme propriétaires des
connaissances traditionnelles s’y rapportant. Nous sommes censés
recevoir 6% des redevances sur les ventes issues de l’ingrédient actif.
Le CSIR, la compagnie Phytopharm basée au Royaume Uni et
le géant américain Pfizer ont passé des accords pour sa commer-
cialisation. Même Unilever a mené des recherches sur le Hoodia
pour ses produits de régime amaigrissants. Pourtant, en fin de
compte, les San n’ont guère tiré profit de ces plantes uniques.
Désormais, le Hoodia est sur la liste de la Convention Internatio-
nale sur le Commerce des Espèces en Danger (CITES). Afin de le pro-
téger et d’obtenir une part décente de son commerce, nous aimerions
créer une ferme et lancer une industrie fondée sur une récolte
durable. Mais cela s’avère très compliqué pour notre communauté.
Nous reconnaissons que la technologie est quelque chose d’important,
mais en réalité celle-ci ne privera pas notre peuple de ses savoirs
traditionnels. Nous ne voulons pas les perdre mais, au contraire,
maintenir notre culture et la biodiversité de la terre de nos ancêtres.
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Le savoir des San
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