Développement durable en Afrique & Satellites - page 86

Dr Rolph A. Payet
Quel est le rôle des satellites et pour
quelles applications ?
Ils sont extrêmement importants pour
la recherche, la planification, la gestion de
l’écosystème et l’application de la règle-
mentation. Ils nous sont d’un grand
secours car nous disposons de moyens
limités. Nous pouvons développer les bons
algorithmes pour détecter les change-
ments - par exemple les menaces sur les
écosystèmes comme les évènements
météorologiques extrêmes - avant qu’ils ne
causent des dommages. Autre exemple,
nous sommes confrontés ici à un grave
problème de prolifération d’algues pouvant
détruire des pêcheries ou des plages. Et,
pour étudier l’impact du blanchiment coral-
lien, nous avons mené, avec des pêcheurs,
un projet combinant l’utilisation d’avions et
de satellites.
Concernant la gestion, l’imagerie satelli-
taire nous aidera à déterminer les zones les
plus affectées par l’érosion, l’occupation
des sols et l’urbanisation. Or, nombre de nos
outils de planification ne sont jamais utilisés
faute de données satellites actualisées. L’île
Maurice vient tout juste de terminer la
cartographie de son territoire. La dernière
version datait d’il y a 15 ans et, depuis, il s’est
passé beaucoup de choses.
À l’affût, nuit et jour
Images satellite du pétrolier italien "Savina Caylyn", saisi par des pirates dans l’océan Indien. L’équipe d’intervention d’urgence de e-GEOS, une société de ASI/Telespazio
(Finmeccanica/Thales), a acquis ces images COSMO-SkyMed en février 2011.
© ASI/Italian MoD
La Force navale de l’Union européenne en action au
large de la Somalie. Opérations destinées àprévenir et
à réprimer la piraterie, menées conformément aux
résolutions du Conseil de sécurité desNationsUnies.
© EU NAVFOR
Un autre domaine de préoccupation est la
piraterie. L’île de la Réunion a développé des
outils pour identifier les bateaux légaux et
illégaux ainsi que d’autres types d’activités
concernant la pêche dans l’océan Indien
occidental. Au delà de l’imagerie, nous uti-
lisons également comme source d’infor-
mation satellitaire des données météorolo-
giques : température, pression, temps,
vent. Ces paramètres nous aident à gérer
les côtes, les ressources littorales, les
déplacements de populations, ou encore
l’urbanisation...
C’est pourquoi nous devons développer les
applications spatiales, un de nos outils les plus
précieux pour contrôler un espace maritime
plus vaste que la France et l’Espagne réunies.
Quelles données satellitaires utilisez-
vous et à quelles difficultés êtes-vous
confrontés ?
Nous utilisons des données européennes
(satellite SPOT du CNES) et certaines données
de satellites indiens (comme IRS de l’ISRO).
Tout dépend de la région et de ce que nous
voulons étudier. Le premier problème —
mis à part la couverture nuageuse — est le
coût des données satellitaires qui reste en-
core très élevé. Le deuxième est la capacité
de traitement pour leur interprétation.
Nous travaillons avec le centre SEAS-OI de
La Réunion sur un projet qui permettra d’ici
deux ans de traiter les données dans un
centre et de les envoyer aux stations.
Une des initiatives les plus importantes
en matière de gestion de l’environnement
est le programme continental AMESD qui
concerne cinq régions de l’Afrique subsaha-
rienne. Dans celle de la COI, l’Institut océano-
graphique de Maurice est responsable du
développement de services opérationnels
pour la gestion des ressources halieutiques, le
contrôle des activités de pêche, l’océanogra-
phie physique et la climatologie maritime. En
dehors des Étatsmembres de la COI (Maurice,
Seychelles, Comores, Madagascar et l’île de la
Réunioncommeassocié) leKenya, laTanzanie, le
Mozambique et deux petits Etats associés, São
Tomé et Príncipe et le Cap-Vert, pourront
aussi bénéficier de ces services.
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