C
haque année, fin novembre, Douala
vibre au rythme du Ngondo, la grande
fête culturelle des Sawa. Durant deux
semaines, ces peuples côtiers du Cameroun
célèbrent le culte de l’eau sur les rives du
Wouri. Un site lié à l’histoire coloniale du Ca-
meroun. C’est ici que débarqua en 1472 le
navigateur portugais Fernando Póo. Émer-
veillé par l’abondance de crevettes, il baptisa
Río dos Camarões (crevette en portugais)
ce fleuve qui donnera plus tard son nom au
pays, le Cameroun.Une trentaine d’ethnies
des provinces du littoral et du sud-ouest par-
ticipent à cette fête qui regroupe des peuples
Sawa, Tondé, Jébalé, Ewodi, Bakoko, Bassa…
Elle comporte trois parties principales :
l’immersion du vase sacré, l’élection de
miss Ngondo et la course de pirogues.
Profondeur des symboles
L’immersion du vase sacré commence
très tôt le matin du dernier jour du festival
par un rassemblement. Les dignitaires en
tenues d’apparat rejoignent le fleuve, ac-
compagnés par leurs états-majors, suivis
par une marée humaine. À bord d’une piro-
gue, des initiés cherchent un passage secret
qui permettra l’immersion du vase sacré. Un
émissaire plonge alors pendant plusieurs
minutes dans le Wouri avec ce vase pour y
rechercher les messages transmis par les
divinités de l’eau, les “myengu” (sirènes).
Une fois remontés à la surface, ils se-
ront interprétés par les anciens, réunis
dans la case sacrée. Selon la tradition, les
“myengu" protègent leur peuple et aident à
l’application de leurs instructions, sources
de bénédictions : force, sagesse, prospéri-
té, fécondité, pêches fructueuses, bonnes
récoltes, fraternité et amour du prochain,
paix dans les foyers et sur l’ensemble du
pays. Aspect mystique de la cérémonie,
cette immersion du vase sacré constitue
pour ce peuple une occasion de communier
avec ses ancêtres. Pour le Ngondo de
décembre 2012, ils ont prôné pour “une
manifestation de la vérité”.
Phase finale du Ngondo, spectaculaire
et très populaire, la course de pirogues
géantes, qui peuvent contenir jusqu’à 70
rameurs, est suivie par des milliers de sup-
porters rassemblés sur les berges du Wouri.
Elle aussi possède une connotation mys-
tique, liée aux cultes des divinités de l’eau.
À la suite des animations honorant la
Cérémonies du Ngondo 2006. Le plongeur et ses assistants partent en pirogue pour aller chercher le vase sacré. Au fond, les pirogues de rameurs rejoignent
le pont du Wouri pour le départ de la traditionnelle course.
© Steven Le Vourc’h
Ngondo, la fête des peuples de l’eau
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