Développement durable en Afrique & Satellites - page 12

environnements qui n’ont jamais été
favorables. Les archéologues ont aujourd’hui
un rôle à jouer en faisant intégrer ces points
de vue anciens dans les problématiques
contemporaines – schémas de peuplement,
modes d’utilisation des terres, évolution des
environnements – afin de fournir un cadre au
développement actuel.
Il est évident que, dans le passé, certaines
communautés (comme les Pokot du Kenya et
les Sandawe de Tanzanie) ont longtemps
utilisé les cours d’eau pérennes de leur région
pour accroître leur productivité agricole grâce
à l’irrigation. Les rivières et les ruisseaux
proches leur ont fourni des moyens et des
méthodes de survie. On a découvert dans
certaines régions des systèmes d’irrigation
remontant jusqu’au II
è
siècle av. J.-C qui
peuvent être remis en service pour améliorer
la productivité dans de telles zones. En outre,
les savoirs traditionnels en matière de
prévision du temps ou de plantes médicinales
sont utilisés dans plusieurs régions d’Afrique
(voir p.30 et 66).
Les modes de vie des anciens pasteurs
nomades ont été caractérisés par un grand
degré de flexibilité. Par exemple, leur mode
de subsistance variait en fonctiondes contacts
avec d’autres groupes non-pastoraux ; cela
leur a permis d’échanger ou de vivre en
autonomie, tout en maintenant leur propre
organisation économique.
L’engagement envers la durabilité
D’autres méthodes de gestion des
troupeaux comprenaient l’ abattage qui variait
en fonction des résultats escomptés. Les
veaux mâles pouvaient être abattus pour
réduire la compétition alimentaire avec les
femelles reproductrices, les veaux sur le point
d’atteindre leur poidsmaximal étaient abattus
pour un gain de nourriture tel du sang, de la
viande… On peut étudier ces pratiques
d’élevage sur le plan archéologique grâce aux
restes d’os, de dents et à leur relation avec
des épisodes de tension environnementale.
Certaines communautés pastorales utilisent
toujours quelques-unes de ces pratiques,
tandis que d’autres ont été oubliées.
La pression est actuellement mise sur ​​les
développeurs afin qu’ils conçoivent des
projets démontrant un engagement en
matière de durabilité, par exemple en utilisant
le patrimoine culturel pour aider à bâtir des
collectivités affichant un véritable sentiment
decohésionetd’appartenance.Desstructures
anciennes telles que celles observées dans
les communautés de Mapungubwe, du Grand
Zimbabwe et de Thimlich au Kenya sont la
preuve d’une structure sociale en place dès le
XIV
é
siècle. Ces structures ne montrent pas
seulement une cohésion socialemais révèlent
aussi une société qui utilisait toutes les
ressources locales disponibles et à portée de
main. En outre, cela leur a permis d’atteindre
et de maintenir une hégémonie économique,
politique et idéologique à travers une
combinaison de moyens à la fois pacifiques et
coercitifs. À l’évidence, l’Afrique a connu dans
lepassédes foyersdepeuplementsstructurés
axés sur le développement politique et
économique. Ces connaissances peuvent être
exploitées pour les nouveaux développements
en cours et intégrées aux ressources locales,
en lien avec la notion de paysage historique.
Tous ces aspects de la vie passée et
moderne peuvent être mis en relation avec
des façons de s’alimenter et de s’installer,
Deux sites du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ci-dessus, la falaise de Bandiagara (région de
Mopti, Mali), tout d’abord occupée par le peuple
Tellem. Les Dogons s’y installèrent au cours des
XV
è
et XVI
è
siècles.
© A.Barragan.
À gauche, le Monument national du Grand
Zimbabwe, témoignage unique de la civilisation
bantoue des Shona entre le XI
e
et le XV
è
siècle.
© M.Matsumoto
10 - Développement Durable en Afrique & Satellites
1...,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11 13,14,15,16,17,18,19,20,21,22,...130
Powered by FlippingBook