l’histoire, de la philosophie, de la religion et
des sociétés de ce vaste continent.
Une partie de l’activité culturelle se
concentre autour de la famille et du groupe
communautaire. La palabre, technique de
résolution des problèmes et des conflits ;
la solidarité, stratégie de prise en charge
des malades et des personnes vulnérables
sont présentes dans toute l’Afrique. L’art, la
musique, le folklore et la littérature orale
renforcent les modèles religieux et sociaux
existants.
Enfin, on ne saurait nier la place et l’apport
important des objets d’antiquité d’origine afri-
caine, œuvres de grande valeur produites avec
dextérité par des paysans n’ayant fréquenté
aucune école d’art, qui meublent aujourd’hui
les musées d’Occident et du Nord. C’est dire
que depuis toujours, chaque peuple, chaque
communauté a sa culture, son langage esthé-
tique, ses émotions, sa civilisation.
"Bronze du Bénin" représentant un Edogun, (chef
militaire), Musée Horniman, Londres. Plus de 3 000
plaques de laiton ont été saisies en 1897 au Palais
royal du Royaume du Bénin (actuel Nigéria) lors
d’une expédition punitive britannique. Le Nigéria
a demandé à plusieurs reprises le retour de 700
de ces plaques.
© Mike Peel
Ce masque d’épaule Nimba,
Guinée, collecté par Henri
Labouret en 1932, incarne
un idéal féminin évoqué
par les seins de la femme
nourricière. Le bec du calao
symbolise la fertilité, la
croissance et la fécondité.
Il protège la communauté
en intervenant lors des
semailles, récoltes, des
mariages ou des funérailles.
© Muséum de Toulouse.
Frédéric Ripoll
Bien des arts africains dits traditionnels
sont de nos jours commandés, sculptés et
utilisés comme autrefois. Comme dans
toute période artistique coexistent innova-
tions et courants conservateurs. Le premier
festival mondial des Arts nègres de Dakar,
en 1966, a montré au monde, et à l’Afrique
elle-même, que l’art africain ne se limite
pas à quelques masques qualifiés de “pri-
mitifs”, mais qu’il reflète l’aboutissement
d’une évolution des formes commencées
voilà six millénaires par des décors de
poteries et des peintures rupestres. La
création d’écoles d’art et d’architecture
dans les villes de l’Afrique subsaharienne
(à l’image de la fameuse école de Poto-Poto
à Brazzaville) encourage les artistes à tra-
vailler de nouveaux matériaux : ciment,
peintures à l’huile, encre, pierre, alumi-
nium… Leurs images et leurs dessins ten-
tent des synthèses souvent étonnantes
Identités - 17
Terre cuite Nok.
Cette civilisation
du centre du
Nigéria est à
l’origine de la plus
ancienne tradition
sculpturale au sud du
Sahara (autour de 600
av. J.-C.). Les artistes modelaient une
argile grossière à la main pour réaliser
des effigies humaines et animales aux
fonctions inconnues.
© The Cleveland Museum of Art