Les Bororo revendiquent leur culture nomade
traditionnelle et leur identité. Leurs bovins
constituent une source de richesse, de prestige et
de puissance. Ici, des maisons traditionnelles près
du fleuve Logone (Tchad).
© Association Handicap Santé
Haut de plus de 100 m, le centre international de conférence Kenyatta domine le centre ville de Nairobi
au Kenya (2013). Le nom de cette ville de plus de 3 millions d’habitants provient de l’expression Massai
"Enkare Nyirobi", qui se traduit par "l’endroit des eaux fraîches".
© D.R
L’Afrique, aux multiples et merveilleux
paysages – dont beaucoup sont classés au
Patrimoine Mondial – ce terreau fertile
pour un épanouissement culturel florissant
a, par sa beauté singulière, inspiré différentes
formes d’expressions artistiques. Derrière
les traits humains des paysages africains,
des croyances ont résisté au temps, persisté,
et subsistent dans un
continuum
au travers
d’une multitude d’expressions artistico-
culturelles aussi riches que variées.
Par l’écriture, les langues, la danse, la
musique, le chant, la peinture, la sculp-
ture…, les Africains se sont révélés, au fil
du temps, et continuent de s’affirmer "re-
créant le monde, s’exprimant par leur
corps et inscrivant dans la matière les
formes nées de leur esprit, des formes irri-
guées par les croyances, les mythes, les
héritages…, des formes faisant leur part
aux ruines de l’histoire et dans l’histoire"
(A. L. Sall) …, enfin, des formes faisant leur
part à la douceur de la terre et à l’espé-
rance inscrite dans la vie..
La forte part de l’empreinte des pay-
sages dans cet épanouissement culturel ne
devrait cependant pas occulter le rôle
implacable de la géographie dans l’explica-
tion de ceux-ci, sachant que l’espace
constitue l’expression d’un reflet, celui
d’une articulation synchrone entre facteurs
biophysiques et acteurs humains dans un
milieu donné. Et que ce milieu n’atteint son
optimum d’équilibre que par la nature du
traitement que lui infligent, au travers de
leurs activités socio-économiques, les ac-
teurs en jeu, pour ne pas dire les sociétés
humaines concernées.
Dans cette optique, serait-il inopportun
d’avancer que l’une des causes du “mal-
" Sahel
...Méconnaissable Sahel,
Perds-tu la raison
Pour laisser le désert
Ce vaste prédateur
Atteindre ta lisière
Territoire de Damel
Est-ce le jeu du sort
Ou seulement par erreur
Que ce souffle ose
T’envahir par le nord
Effeuillant tes roses
Trainant tes pétales
Vers d’autres horizons..."
A.Ndiaye
être” dans l’espace géographique constitué
par les Afriques, tient justement de cette ab-
sence d’équilibres ? Ou plutôt de cette
rupture d’équilibres entre l’homme et son
milieu, des disparités dans le traitement de
l’espace, des milieux, des secteurs d’activités
et des principaux acteurs, eu égard à une
évolution exogène de l’histoire contempo-
raine, vécue, en partie, par procuration.
En définitive, dans la savane ancestrale,
jadis empruntée par les “azalaï” arabo ber-
bères, missionnaires d’autres horizons, re-
layés dans leurs fonctions civilisatrices par
des pasteurs d’une autre époque, semble
subsister, “splendidement seul”, l’unique
survivant, le baobab aux fruits aigres-doux,
relique imperturbable mais, hélas, vulné-
rable et végétative, telle une pieuvre ampu-
tée de ses tentacules.
Aux caïlcédrats déracinés et disséminés
dans une diaspora multiforme et disparate…
aux chênes verdoyants fièrement déployés
aux quatre coins du monde, l’arbre fétiche,
mémoire multiséculaire, témoin des temps
immémoriaux, semble, parfois, sous le regard
hagard des marabouts de Tombouctou et
par la voix des muezzins de la mosquée de
Djingareyber, chanter un refrain plaintif et
douloureux, celui d’une plante tombale
assommée par la lassitude de veiller sur la
mémoire des ancêtres mais que la douce
clameur alizéenne fait ”pousser et repous-
ser, patiemment, obstinément et dont les
fruits ont peu à peu l’amère saveur de la
liberté“ (D. Diop).
Aminata Ndiaye
Université Cheikh Anta Diop
Dakar
Sénégal
Identités - 15
